Titre: La Disgrâce
Auteur: Nicole Avril
Pages: 253
Note: 3.5/5
Synopsis :
"Elle n'est pas seulement laide ma pauvre petite fille, elle est sans grâce, c'est pire."
En surprenant cette phrase dans la bouche de sa mère, Isabelle a cru mourir. Hier encore, c'était une enfant heureuse qui n'avait que tendresse pour tout ce que la vie lui donnait : un père bon et doux, une mère si belle, la grande maison face à l'océan son ami... A son bonheur détruit, à la vérité qui la frappe, Isabelle survivra métamorphosée, méconnaissable, adulte soudain. Impitoyablement lucide, elle découvre les secrets et les tares de ceux qu'elle aimait, durement hostile, elle n'est plus que volonté de vengeance et de domination. Est-elle à jamais enfermée dans sa disgrâce ?
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Chronique :
Le résumé m’a vaguement tenté alors je me suis laissée embarquer. Et si on m’avait dit que ce roman me perturberait à ce point, j’aurais ri aux éclats. Et pourtant, « La Disgrâce » est un roman court, avec une intrigue et des personnages simples mais avec une psychologie tellement fouillée qu’on ne peut s’empêcher de se poser mille questions et de vouloir en savoir toujours plus.
Isabelle est laide. Elle s’en doute mais elle le réalise pleinement quand elle entend cette vérité dans la bouche de sa mère. C’est une douche froide pour la jeune fille. Elle prend alors une décision qui risque de lui coûter la vie. Heureusement pour elle, un homme, Vincent, vient à son secours et apporte avec lui ; la première preuve d’affection de la part d’un homme autre que son père. Isabelle se sent alors transporté par un flot d’émotions dont elle ignorait l’existence.
Ce roman est un sacré casse-tête psychologique ; quand Isabelle se retrouve face à cette fatalité qu’est sa laideur, sa disgrâce, elle mûrit violemment. Notre protagoniste reste une adolescente avec ses rêves et ses idéaux mais elle ne voit plus le monde en rose. Elle découvre les facettes les plus sombres et cachées de la vie, elle appréhende sa famille d’un autre œil et décrypte le comportement humain avec une maturité et une lucidité saisissantes. A travers elle, nous apprenons sa famille, nous apprenons sa vie, nous apprenons l’humanité et ses défauts. Luxure, colère, orgueil… tous ces défauts qui façonnent le caractère humain sont analysés et interprétés par cette enfant blessée mais néanmoins lucide et déterminée.
On ne sait sur quel pied danser. Si nous découvrons les secrets de la famille d’Isabelle au travers de la jeune fille : on ne peut s’empêcher de les haïr autant qu’elle et de compatir à son sort. En revanche notre esprit de lecteur objectif reste en activité et on ne peut s’empêcher de faire une double analyse avec nos propres connaissances des vices humains tout en donnant des excuses à ces personnages pour leurs actes.
De plus, le personnage d’Isabelle est à prendre avec des pincettes. Elle est tantôt douce et adorable, tantôt coléreuse, capricieuse et insupportable. Elle ne vit que pour Vincent et, de ce fait, reste aveugle au reste du monde. Elle oscille entre plusieurs points de vue et opinions sur un même sujet en même temps et rend le résultat assez confus. On ne sait, au final, pas réellement ce qu’elle pense avant qu’elle ne le démontre, généralement par des actes.
Les autres personnages sont tous stéréotypés et développés ainsi ; la mère et la sœur parfaites, le père malade et affaibli, l’homme serviable et d’apparence cordial. Seules les relations qu’ils entretiennent entre eux forment l’histoire. Une liaison entre la mère et Vincent ; drame pour Isabelle qui s’est violemment éprise de l’homme qui l’a sauvé, fatalité pour le père incapable d’assouvir les désirs de sa femme. Mais un tel secret ne disparaît pas en un tour de main, au contraire il prend énormément d’ampleur et il en devient oppressant. Isabelle endosse alors le rôle de protectrice de ce secret en assurant un maximum d’intimité aux amants. Mais quand sa sœur, Alice, revient au pays il se pose une question : faut-il lui dire ? Isabelle décrète que non, ne voulant pas gâcher le bonheur familial omniprésent, du moins en apparence. Mais Alice n’est-elle pas aussi belle que sa mère… voir même plus ? Et Vincent n’est-il pas un homme à femmes ? Forcément ses regards délaissent Elise (la mère d’Isabelle) pour venir se poser sur Alice ; plus jeune, plus fraîche, plus vive…
Elise n'est plus l'objet de tous les regards, son état se détériore et la situation empire. Bientôt Isabelle devra quitter le rôle de protectrice pour choisir celui de sauveteuse car maintenant, sa sœur est en danger entre les mains de celui qui a détruit leur cocon familial.
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Conclusion :
Un bon livre psychologique qui interroge les capacités de réflexion et d’analyse d’un enfant et sur les conséquences des paroles malheureuses que les adultes peuvent avoir. Un bon roman plutôt court à lire sans excuse et à réfléchir. Avec un dénouement un peu trop prévisible à mon goût et des personnages un peu "plante verte" dans certaines scènes.
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